Parmi les rudes coteaux ray?s de sarments,
Les villes blanches o? v?curent mes parents,
Les prairies humides parsem?es de boires
Et l’air d’un immense ciel, coule la Loire.
Les gens racontaient autrefois les r?cits terrifiants
De ses remous diaboliques qui avalent des enfants.
Assis parfois sur le bord de son lit
Je contemple un fleuve qui me regarde aussi,
Qui murmure autour des piles d’un vieux pont
Les secrets prisonniers de ses noirs tourbillons.
Le fleuve sorcier de ses longs bras insidieux
Entoure et ?treint des ?lots myst?rieux
D’o? monte les soirs d’?t? lorsque le vent se tait
Le chant des ondines qui autrefois y vivaient.
Quand le ciel prend le teint triomphant des grands soirs,
Des nymphes de braise enflamment ses flots noirs
Et d?voilent au travers de leurs oripeaux
Des bancs de sable nu o? dansent les oiseaux.
S’?vadant parfois de ses basses lev?es,
Il se faufile un matin dans les bosquets,
Pour aller partout sous l’herbe des rivages,
Conter des l?gendes aux tulipes sauvages.
M?prisant les lev?es, d?daignant les regards,
Ignorant Chalonnes, Pruniers et B?huard,
Il traverse ce pays qui lui appartient
Comme un roi de l?gende puissant et craint.
Quelque part entre la nuit sombre du pass?
Et les brumes des mes regrets, coule la Loire.
Charriant les flots troubles de mes jeunes ann?es
Souvenirs br?lants d’une vie d?risoire.